Hey !
Aujourd’hui est le troisième jour du challenge Instagram « Folktale Week ». Le but de celui-ci est simple : nous avons un thème par jour, pendant une semaine, et devons l’illustrer, soit avec un conte déjà écrit, soit avec une de nos propres histoires
Le troisième thème est «  faire la cour ». J’ai donc fait le choix d’illustrer ce thème avec un conte russe que j'ai découvert enfant avec son adaptation réalisée par les Studios SoyuzMultFilms en 1954. Ma mamie nous le mettait souvent et il est très cher à mon cœur pour cette raison !
Pourquoi ce conte ?
Dans ce conte, une jeune princesse qui aime beaucoup la Nature est enlevée par un méchant sorcier qui désire l'épouser. Pour la courtiser, il couvre d'or toutes les plantes, tous les arbres, tous les rochers, et il la terrorise. Malgré tout, elle refuse ses avances et se moque de lui. Pour la punir et se venger d'elle, Kochtcheï le sorcier lui lance un sort et la transforme en une vilaine grenouille, lui disant que seul un amour sincère pourra la délivrer de celui-ci. Cette façon de courtiser est très loin de l'amour courtois qui se trouve dans nombre de contes, et je trouvais que cette toxicité extrême permettait justement de faire une illustration originale.
Informations générales :
La Princesse Grenouille, par Alexandre Afanassiev, non daté. (Litt. Царевна-Лягушка)
L'adaptation cinématographique :
Le conte
Il était une fois un roi qui avait trois fils. Un jour, il leur dit :
- Mes fils, il est temps de vous marier. Voici pour chacun de vous, un arc et une flèche. Vous allez tirer dans une direction différente et vous prendrez pour femme celle qui ramassera votre flèche.

Chacun tira sa flèche puis alla voir où elle était tombée. Celle du fils aîné était tombée dans le jardin d'un général et la fille du général l'avait ramassée. Alors le fils aîné lui demanda de l'épouser. La flèche du deuxième fils était tombée dans la cour d'un marchand et la fille du marchand l'avait ramassée. Alors le deuxième fils lui demanda de l'épouser. La flèche du fils cadet était tombée très loin, dans un marécage.

Longtemps, il la chercha en se disant :
- Hélas, ma flèche est tombée dans un marécage. Comment trouver une femme ici ?
Tout à coup, il entendit une petite voix qui disait :
- Prince Ivan, voici ta flèche.
Il regarda tout autour de lui : personne.
- Prince Ivan, regarde à tes pieds, dit la petite voix.
Il regarda par terre et vit une grenouille qui tenait la flèche dans sa bouche.
- Merci, petite grenouille, d'avoir trouvé ma flèche, lui dit-il.
- Je suis très heureuse de t'avoir rendu ce service, répondit doucement la grenouille, et j'espère que je serai une bonne épouse pour toi.
- Quoi, s'écria le prince Ivan, tu crois que je vais t'épouser ?

La petite grenouille le regarda avec des yeux si brillants qu'on aurait dit qu'ils étaient pleins de larmes.
Elle lui dit d'une toute petite voix :
- C'est moi qui ai trouvé ta flèche et tu ne veux pas m'épouser ?
Alors le prince Ivan prit la grenouille et retourna au palais. Les trois fils revinrent devant le roi et chacun raconta comment il avait retrouvé sa flèche. Puis les deux aînés présentèrent leurs fiancées qui firent de belles révérences au roi.
Quand vint son tour, Ivan sortit la grenouille de sa poche et dit :
- C'est elle qui a trouvé ma flèche.
- Alors, mon fils, il faut que tu l'épouses, répondit gravement le roi.
- C'est justice, dit le frère aîné.
- C'est justice, dit le deuxième frère.
Ivan pleura beaucoup mais on célébra ses noces avec la grenouille. Pour que personne ne marche sur elle, un serviteur la tenait sur un plateau.

Quelque temps après, le roi dit à ses fils :
- Je veux savoir laquelle de mes belles-filles est la plus habile. Demandez à vos épouses de tisser un tapis.
Maintenant qu'elles étaient princesses, la fille du général et la fille du marchand ne voulaient plus travailler.
Elles commandèrent :
- Nourrice, tisse un tapis pour le roi.
Maintenant qu'elles étaient au service d'une princesse, les nourrices ne voulaient plus se fatiguer à tisser.
Elles commandèrent :
- Servante, tisse un tapis pour le roi.
Alors les servantes se dépêchèrent de tisser un tapis, mais elles n'étaient pas très habiles. En entendant l'ordre du roi, Ivan se sentit très triste et rentra chez lui en pleurant. La petite grenouille s'avança à sa rencontre en sautillant.
- Oh ! Mon gentil prince, pourquoi pleures-tu ? demanda-t-elle.
- Les épouses de mes frères vont tisser de beaux tapis pour le roi mon père, mais toi, tu ne sais pas tisser, dit Ivan en soupirant.
- J'ai promis d'être une bonne épouse pour toi et je ferai tout ce qu'une bonne épouse doit faire, répondit la grenouille. Va te coucher et dors tranquille, je m'occupe de tout.

Pendant qu'Ivan dormait, la princesse quitta sa peau de grenouille et se transforma aussitôt en une belle jeune fille. Elle ouvrit la fenêtre et vit une araignée qui tissait sa toile dans l'embrasure.
Elle demanda :
- Araignée de la nuit, s'il te plaît, donne-moi un peu de ton fil de soie.
Et l'araignée lui donna du fil de soie. Puis elle dit à la lune :
- Lune de printemps s'il te plaît, donne-moi un rayon d'argent.
Et la lune lui donna un rayon d'argent. Puis la princesse grenouille prit des fleurs qui étaient dans un vase et avec tout cela elle tissa un tapis.
Quand le prince Ivan se réveilla, il trouva la grenouille assise sur un coffret.
Elle lui dit :
- Mon gentil prince, ce que tu m'as demandé est dans ce coffret. Attends que tes frères aient offert leur cadeau au roi pour lui offrir le tien.
Le roi fit appeler ses fils et l'aîné présenta le tapis que lui envoyait son épouse.
- Peuh ! dit le roi, les servantes de mon palais en font autant.
Et il repoussa le tapis.
Le deuxième fils présenta le tapis offert par son épouse.
- Peuh ! dit le roi, les servantes de mon palais en font autant.
Et il repoussa le tapis.
Alors, Ivan s'avança, ouvrit le coffret et déplia le tapis tissé par la grenouille.
Tous les courtisans assemblés poussèrent des oh ! et des ah ! Le tapis était doux comme de la soie et brillait tellement que toute la salle était illuminée d'argent. Son dessin représentait un merveilleux jardin rempli de toutes sortes de fleurs, si belles qu'à les voir on croyait sentir le parfum des nuits d'été.
Le roi fut ravi de ce cadeau et il dit à Ivan :
- Je te remercie. Je serai très heureux de voir danser ta femme au grand banquet qui aura lieu demain soir.
Et il ajouta, pour ses autres fils :
- Vos épouses sont invitées elles aussi.

Ivan rentra chez lui encore plus triste que la fois précédente.
Il dit à la grenouille :
- Demain soir, il y a un banquet où danseront les filles du roi. Les épouses de mes frères vont danser mais toi, qu'est-ce que tu vas faire ? Tu vas sautiller en faisant couac ! couac ! et moi, je vais mourir de honte.
- Demain tu partiras seul au banquet, répondit la grenouille. J'arriverai au bout d'une heure. Ne t'inquiète pas, le roi sera aussi content de ma danse que de mon tapis.
Quand Ivan arriva au banquet, ses belles-soeurs se cachèrent pour rire :
" Hihi! Il n'a pas osé amener sa grenouille ! "

Pendant ce temps, la grenouille avait repris son apparence de jeune fille, et se préparait, seule dans sa chambre. Elle se coiffa, se fit belle puis partit pour la salle du banquet. Dès qu'elle entra, tous les regards se portèrent sur elle et il se fit un grand silence. En un instant, Ivan comprit qu'il s'agissait de sa femme, mais déjà tous les courtisans, les comtes, les ducs, les princes, se précipitaient pour lui offrir leur bras et Ivan eut bien du mal à parvenir jusqu'à elle. Enfin il réussit à la prendre par la main pour la conduire à table. Les belles-soeurs étaient muettes d'étonnement.
Elles se dirent :
- Nous nous sommes trompées, ce n'est pas une grenouille, c'est une magicienne !

Elles observèrent tout ce que faisait la princesse et elles la virent mettre des os dans sa manche droite et verser du vin dans sa manche gauche. Alors, elles firent la même chose. À la fin du banquet, quand le roi demanda aux épouses des fils aînés d'ouvrir le bal, elles refusèrent en disant :
- Nous laissons l'honneur de commencer à l'épouse d'Ivan, car elles voulaient observer ses gestes.

Alors la princesse se leva et se remit à danser avec Ivan, aussi légère qu'une plume. Quand elle agitait sa manche droite, on voyait des oiseaux. Quand elle agitait sa manche gauche, on voyait des paysages de montagnes ruisselantes de cascades. Les autres belles-filles se mirent à danser, en imitant ses gestes ; mais quand elles agitèrent leur manche droite, elles lancèrent les os sur la tête des invités, et quand elles agitèrent leur manche gauche, elles les inondèrent de vin. Tout à coup, ping ! le roi reçut un os de dinde sur le nez, et splatch ! du vin dans les yeux ! Alors il se mit très en colère et frappa dans ses mains pour arrêter la danse :
- Ça suffit, ça suffit ! vous deux, allez vous asseoir ! dit-il aux épouses de ses fils aînés.

Le bal dura longtemps car tous les invités voulaient danser avec la princesse. Pendant ce temps, Ivan rentra chez lui, trouva la peau de grenouille et la brûla. Quand la princesse arriva, elle se mit à chercher la peau mais il lui dit :
- Tu ne la trouveras pas, je l'ai brûlée ! Maintenant, tu es ma femme pour toujours.
Il la prit dans ses bras et cette nuit-là, ils dormirent ensemble.

Au petit matin, la princesse dit à Ivan :
- Tu as été trop impatient. Cette nuit, j'ai été ta femme mais je ne peux pas rester près de toi. Adieu. Si tu m'aimes, cherche-moi dans le trentième royaume. Et elle disparut.

Alors Ivan partit à sa recherche. Pendant des mois, il marcha, marcha, demandant partout :
- Connaissez-vous le chemin du trentième royaume ?
Mais personne ne pouvait lui répondre. Un soir, alors qu'il était bien fatigué, il vit au bord du chemin une maisonnette montée sur des pattes de poule, le devant tourné vers la forêt, le dos vers la route.
Il lui dit :
- Petite maison, petite maison ! Tourne-toi comme ta mère t'avait placée : le devant vers la route, le dos vers la forêt.
Alors la maison se tourna vers lui, la porte s'ouvrit et une vieille femme sortit.
- Bonsoir, grand-mère, dit Ivan. J'ai marché toute la journée et je suis bien fatigué. Pourrais-tu me donner un morceau de pain et un coin pour dormir ?
- Entre, mon enfant, entre, répondit la vieille.
Ivan entra, sans se méfier. Il ne savait pas qu'il était chez Baba-Yaga, la terrible sorcière ! Il mangea et dit à la vieille :
- Merci, bonne grand-mère. Dis-moi, toi qui as vécu longtemps, peut-être as-tu entendu parler du trentième royaume ?
- Que veux-tu aller faire dans le trentième royaume ? demanda Baba-Yaga, en plissant ses petits yeux.
- Je veux retrouver ma femme. C'est là qu'elle a disparu.
- Alors tu es le prince Ivan, reprit Baba-Yaga. Intéressant, très intéressant.
- Comment sais-tu mon nom ? demanda Ivan, étonné.
- J'ai entendu parler de ton histoire. Ta femme est prisonnière de Kochtcheï l'immortel, le maître du trentième royaume. Pour la retrouver, tu devras marcher longtemps encore, jusqu'à la mer. Au milieu de la mer, il y a une île. C'est le royaume de
Kochtcheï.
- Je vais y aller et je tuerai ce brigand, s'écria Ivan.
- Laisse-moi parler, prince Ivan, dit Baba-Yaga. Tu ne pourras pas tuer
Kochtcheï, ni par le fer, ni par le feu. Il est immortel, mais moi, je sais où est cachée sa mort. Écoute--moi bien. Sur le plus haut sommet de l'île, il y a un chêne sous le chêne est enterré un coffre. Dans le coffre, il y a un lapin, dans le lapin, une cane. La cane porte un oeuf dans son ventre. Dans l'œuf, il y a la mort de Kochtcheï. Détruis l'oeuf et tu détruiras Kochtcheï. Alors, moi, Baba-Yaga, je serai vengée de mon pire ennemi !

Et la sorcière, au lieu de dévorer Ivan ou de le changer en pierre, le laissa partir, pour qu'il cherche la mort de
Kochtcheï. Ivan marcha longtemps et enfin il arriva au bord de la mer. De petits poissons s'amusaient à sauter au milieu des vagues ; l'un d'eux sauta trop haut : il tomba sur le sable et se mit à se tortiller, sans pouvoir regagner la mer. Ivan l'attrapa et dit :
- Tu tombes bien. J'avais très faim, je vais te manger !
- Non, je t'en prie, ne fais pas de mal à mon fils, dit un gros poisson en sortant la tête hors de l'eau. Remets-le dans la mer et je te rendrai service.
Alors Ivan rendit le petit poisson à son père. Puis il se mit à marcher, tout le long de la plage, cherchant une barque ou un pont, un moyen d'accéder à l'île. Mais il ne trouvait rien.
- Tu veux traverser la mer ? dit une voix.
C'était le gros poisson.
- Oui, dit Ivan. Est-ce que tu peux m'aider ?
- Grimpe sur mon dos, répondit le poisson.
C'est ainsi qu'Ivan traversa la mer, arriva sur l'île et commença à gravir la montagne.
Il avait toujours très faim.
Tout à coup, il entendit un bruit dans un buisson : c'étaient deux petits loups qui jouaient. " Ma foi, se dit Ivan, c'est mieux que rien. "
Il tira son poignard pour les égorger mais une voix cria :
- Non, non
A cent mètres de lui, une louve le regardait d'un air suppliant.
- Je t'en prie, dit-elle, ne tue pas mes petits et moi je te rendrai service.
Alors Ivan rendit les petits loups à leur mère.

Il continuait à gravir la montagne quand deux boules de fourrure roulèrent à ses pieds : c'étaient deux oursons. Il leva son poignard mais une voix cria :
- Non, non !
Du haut d'un rocher, la mère ourse l'appelait :
- Je t'en prie, ne tue pas mes petits et moi je te rendrai service.
Alors il rendit les petits ours à leur mère et continua son chemin.

Là-haut, dans le ciel, planaient deux aigles, un gros et un petit. Comme le petit se posait sur un arbre, Ivan prit son fusil et le visa. Mais la maman aigle cria :
- Non, je t'en prie, ne tue pas mon petit et moi je te rendrai service !
Alors Ivan abaissa son fusil et reprit sa marche.

Enfin, il arriva en haut de la montagne. Le chêne se dressait au milieu d'un amas de rochers. Comment creuser pour trouver le coffre ? Ivan essaya de bouger les rochers mais il ne les déplaça pas d'un centimètre. C'est alors qu'arriva l'ourse. D'un coup de patte, elle déracina le chêne et souleva les rochers. Ivan trouva le coffre mais quand il l'ouvrit, frrrt ! le lapin s'échappa et se mit à dévaler la montagne. Ivan s'élança à sa poursuite en courant de toutes ses forces. Peine perdue, le lapin disparut dans la forêt et Ivan dut s'arrêter, à bout de souffle. Mais quelques instants plus tard, il vit la louve sortir de la forêt et venir vers lui, tenant dans sa gueule le lapin. Vite, il lui ouvrit le ventre... et la cane s'envola à tire-d'aile !.
Désespéré, impuissant, Ivan regardait vers le ciel quand tout à coup, il vit un éclair noir fondre sur la cane : c'était l'aigle. Il lui apporta la cane. Ivan la posa à terre, s'agenouilla, prit le poignard et lui ouvrit soigneusement le ventre : l'oeuf était dedans.
C'est alors qu'une ombre se dressa devant le jeune prince. Il releva la tête et vit un homme tout habillé de noir, très pâle, qui le regardait fixement.
- Ne touche pas cet oeuf, dit l'homme d'une voix pressante, surtout ne le touche pas !
- Tu es
Kochtcheï ! s'écria Ivan.
- Oui, dit l'homme. Je dormais dans mon palais mais mon corps a tremblé dès que tu as ouvert le coffre. Tu veux ta femme ? Je vais te la rendre. Je te donne aussi toutes les princesses qui sont prisonnières dans mon palais et toutes mes richesses, mais donne-moi l'oeuf.
Ivan prit l'oeuf et demanda :
- Où est ton palais ?
- De l'autre côté de la montagne. Donne-moi l'oeuf, bientôt tu seras riche répondit
Kochtcheï.
Tout doucement, il s'approchait d'Ivan et tendait ses mains tremblantes pour s'emparer de l'œuf. Alors Ivan brisa l'oeuf contre un rocher.
Kochtcheï poussa un grand cri ; il s'écroula par terre et aussitôt, son corps fut réduit en poussière.

Ivan passa de l'autre côté de la montagne et pénétra dans le palais d'or et d'argent du magicien. Là, il trouva beaucoup de princesses que
Kochtcheï avait faites prisonnières mais il ne les regarda pas. Il chercha dans toutes les chambres jusqu'à ce qu'il retrouve sa femme. Alors il l'embrassa.

Ivan et son épouse retournèrent chez eux et ne se quittèrent plus jamais.

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